L’évolution du niveau de la mer devient de plus en plus récurant sur les côtes Guinéennes qui s’étendent sur environ 300 km du nord au sud. La préfecture de Boffa située à 150 km de la capitale est particulièrement touchée par ce phénomène. Des villages se sont déplacés à cause de la montée des eaux ces dernières décennies. La pêche qui était l’une des principales activités de ces localités n’est plus rentable comme elle l’était il y a quelques années.
M’mah Camara habitante de Kitikata nous raconte les souvenirs de son enfance sur les plages de Kitikata autre fois endroit paradisiaque, où des touristes nationaux et étrangers venaient pour passer de bons moments. « Je suis née et grandis ici. Je ne connais que cette localité. Mes parents aussi y vivaient. Chaque soir, je venais observer le coucher du soleil. C’était vraiment magnifique. On jouait sans risque d’être emporté par l’eau. » Explique M’mah Camara, aujourd’hui marié et mère de deux enfants.
« Comme l’ont toujours fait mes parents, je fume des poissons, je les revends pour subvenir aux besoins de ma famille. Je ne suis jamais aller à l’école, mais le fait de vivre avec mes parents je me suis adaptée. »
À cause de la montée des eaux, ce site s’est déplacé trois fois. Un fait que M’mah n’oubliera jamais.
Il y a quelques années, la pêche et le commerce du poisson étaient très prolifiques se souvient la jeune mère de famille « on pouvait vendre jusqu’à un million de francs guinéens (1 000 000 gnf) mais actuellement c’est très difficile d’avoir même quatre cent mille francs guinéens (400 000 gnf). Notre indépendance financière disparait petit à petit à cause de la montée des eaux. » Deplore la jeune Dame.
Poursuivant sur la série de difficultés qu’elle traverse, M’mah Camara ajoute « parfois quand le niveau d’eau augmente nous sommes obligés de nous arrêter toute une nuit et de suspendre nos affaires. »
Coupé du reste de la commune rurale par des bras de mer et des estuaires, la situation des enfants de Kitikata est un autre problème auquel la communauté est confrontée. « Nos enfants ne partent plus à l’école, l’eau continue à nous repousser et nous sommes isolés ici. Ce n’est plus chercher de l’argent qui nous intéresse mais plutôt comment survivre. En tant que mère, je suis vraiment triste à l’idée de savoir que mes enfants n’étudient plus, car c’est inconcevable de faire des enfants à l’heure où nous sommes sans pour autant contribuer à leur éducation. Est-ce une malédiction pour nous ? » S’interroge M’mah Camara avant de conclure que l’État nous a oublié.
Idiatou Souaré