Pour de nombreux pays africains, l’exploitation des ressources pétrolières et gazières représente un objectif économique et énergétique clé à moyen et long terme, freiné par la fragmentation des cadres réglementaires nationaux, selon nos confrères de l’Agence Ecofin.
Lors de l’Africa Oil Week qui s’est tenue du mardi 15 au vendredi 18 septembre dernier à Accra, le Nigeria a lancé le Forum africain des régulateurs pétroliers (AFRIPERF). Une initiative qui réunit 16 pays. 8 d’entre eux à savoir la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Madagascar, le Nigeria, la Somalie, le Soudan et le Togo, ont signé la charte fondatrice.
Derrière l’ambition du document de rapprocher les réglementations du secteur pétrolier et gazier des États concernés, l’objectif affiché est d’aboutir à un cadre harmonisé sur la transparence, la sécurité et l’environnement. L’enjeu est de rendre l’écosystème énergétique africain plus lisible pour les investisseurs.
Dans son rapport Clean Energy Investment for Development in Africa (2024), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime que l’Afrique aura besoin de plus de 240 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer ses objectifs énergétiques et climatiques. L’AIE identifie par ailleurs des obstacles institutionnels et financiers, parmi lesquels figurent des disparités réglementaires qui freinent l’accès à ces capitaux.
Dans ce contexte, l’AFRIPERF apparaît comme un instrument pour réduire la fragmentation des codes pétroliers et créer une certaine stabilité juridique essentielle à la mise en œuvre des projets transfrontaliers. « L’harmonisation permettra d’élever les standards de gouvernance et de stimuler la confiance des investisseurs », a déclaré Gbenga Komolafe, patron de la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC) et président intérimaire d’AFRIPERF, au micro de l’Agence Ecofin.
Concrètement, le forum ne se substitue pas aux lois nationales. Il établit un socle commun autour duquel les pays ajusteront leurs règles. Cela signifie que chaque État devra entreprendre un travail législatif pour intégrer les engagements pris. Des pays comme l’Angola (amendements structurants du cadre pétrolier en 2019) ou le Gabon (adoption du nouveau Code des hydrocarbures en 2019), qui ont déjà engagé des réformes de fond, pourraient en tirer avantage en intégrant plus rapidement ces normes.
La question aujourd’hui reste de savoir comment les États mettront en œuvre ces ajustements, et selon quel rythme. Pour les compagnies comme pour les gouvernements, la crédibilité de l’Afrique en tant que zone d’accueil d’investissements pétroliers et gaziers dépend désormais de cette capacité à transformer l’accord politique en réalités juridiques.
Karim Camara


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