Conakry et ses quartiers périphériques produisent environ 2300 tonnes d’ordures par jour. Ces déchets sont composés à 50% de plastiques. Juste 1200 tonnes de ces ordures vont à la décharge à cause de la capacité celle-ci. Les 800 tonnes se retrouvent dans la nature et sont parfois drainés par les eaux de ruissellement jusqu’à la mer. La mer à son tour les rejette sur le continent lors des marées montantes. La gestion des ordures sur les plages est une problématique abordée par les journalistes dans le cadre du projet Terra Africa à travers l’Agence Française de Développement Médias CFI. En compagnie des scientifiques et des acteurs de la société civile, ces journalistes ont abordé le sujet en vue de proposer des pistes de solution. C’est dans ce sens qu’une visite de terrain a eu lieu sur la plage de Takonko dans la commune de Ratoma à Conakry le jeudi 23 mai 2024.
Sur le site, Sory Camara Président de la fédération des gestionnaires des déchets de Guinée a qualifié la situation de ‘’préoccupant et alarmant.’’ Ce spécialiste des questions de salubrité et directeur du centre de recherche environnemental et de valorisation des déchets précise aussi que cela interpelle et mérite d’être corrigé.
“Nous avons aujourd’hui un milieu marin qui souffre d’une question de loi. Parce que la Guinée pour le moment ne dispose pas de loi sur le littorale. Ce qui fait que la plupart des plages et des débarcadères que nous connaissons en sont confrontés à certains problèmes salubrité.” A-t-il justifié.
Une réalité que confirme Mohamed Lamine Camara l’un des gérant de cette plage “c’est un défi majeur auquel nous sommes confrontés et c’est difficile de le gérer tout seul. Tous les jours on fait minimum 4 à 6 heures de travail pour ramasser les ordures. Il y a une douzaine de personne assignées à l’assainissement et ils le font fréquemment.”
Il ajoute qu’ils ne sont pas responsables de la production de ces ordures qui les envahissent “ces déchets ne proviennent pas de la plage, c’est la mer qui les ramène.”
Ce phénomène d’insalubrité sur les plages n’est pas sans conséquence sur le milieu marin. Abdoulaye Ibrahima Camara enseignant chercheur au centre de recherche scientifique Conakry Rogbanè, docteur en océanographie environnement marin et côtier défini la pollution marine comme “ tout rejet d’une substance de façon à rendre des conséquences plus néfastes sur les ressources aquatiques. Cette pollution se situe à deux niveaux. Il y a des pollutions qui se font de façon naturelle et d’autres qui sont dues aux effets anthropiques.”
Cette pollution est aujourd’hui devenue une question de santé publique selon Dr. Camara Abdoulaye Ibrahima “l’infection se fait par bioaccumulation et que si l’homme consomme ces poissons, ça peut lui porter préjudice. Cette intoxication se fait de deux étapes : l’intoxication de façon chronique c’est-à-dire l’organisme aquatique emmagasine ces produits jusqu’à un certain seuil avant la manifestation par des éruptions cutanés sur la peau, des nécroses de foi, des maladies rénales.”
Pour le Président de la fédération des gestionnaires des déchets de Guinée “il faut travailler sur une politique de gestion des déchets au niveau des plages en impliquant à la fois les gestionnaires de plage, les producteurs des déchets et aussi les autres gestionnaires des déchets.”
Il recommande également au gouvernement guinéen “de mettre en place un comité national de l’assainissement. Ce comité doit être composé des représentants de tous les acteurs qui sont indispensables dans la gestion des déchets pour que chacun d’eux interviennent sur un angle de la problématique.”
Boèboè Béavogui