Depuis plusieurs années, les berges de la rivière Kakimbo sont mises en valeur par des femmes à travers le maraîchage. Toutes mères de famille parfois célibataires ou veuves, ces femmes exploitent ce site pour subvenir aux besoins quotidiens de leurs familles. Votre quotidien en ligne www.guineeline.net vous envoie à la découverte de ces femmes maraîchères qui opèrent sur ce site voisin à la forêt classée de Kakimbo, l’une des zones réservées de la ville de Conakry.
Veuve et mère de quatre enfants, Madeleine Wamouno fait du maraîchage au bord de la rivière Kakimbo chaque saison sèche. Tous les jours, dès 15 heures, heure locale, Madeleine Wamouno descend dans son jardin soit pour récolter ou pour entretenir ses cultures. Grâce à cette activité, elle subvient aux besoins de sa famille notamment la scolarité des enfants et d’autres dépenses quotidiennes.
« J’ai quatre enfants qui étudient tous dans les écoles privées. Sur les quatre, deux ont déjà fini. Il reste les deux autres pour lesquels je paie 300 000 et 250 000 GNF par mois grâce au maraîchage. »
Selon les témoignages de certaines femmes rencontrées sur le site, elles récoltent les feuilles de manioc et de patate deux fois par mois. A chaque récolte, elles ont au moins dix (10) tas de feuille attachées. Les tas sont vendus à 2000 gnf, ce qui équivaut à peu près à 2 Euro. Donc une femme qui a six buts récolte au minimum 120 tas de feuilles par mois pour une valeur de 240 euros au moins chaque mois.
Comme la plupart des femmes, Madeleine Wamouno prend le domaine en bail pour l’exploiter de façon saisonnière. « J’ai baillé cet espace à 400 000 gnf pour la saison qui dure de 4 à 5 mois. » précise-t-elle.
Même témoignage chez Jeanne Haba, également maraîchère sur les berges du Kakimbo « Je loue le terrain chaque année aux personnes qui y travaillaient avant. Actuellement comme certaines sont mortes et d’autres sont devenues très vieilles, elles ne travaillent plus. » a-t-elle ajouté.
D’autre part contre sont propriétaires depuis leurs ancêtres. C’est le cas d’Aminata Bangoura
« Ce sont nos grands-parents qui travaillaient ici. Aujourd’hui c’est nous qui y faisons le maraîchage. Nous cultivons toutes sortes de feuilles notamment les feuilles de patate et de manioc. »
Wamouno Madeleine ne trouve aucun inconvénient à cette activité de maraîchage « Tout ce que nous faisons ici, nous rapporte des avantages. C’est grâce à cette activité que j’ai pu obtenir un terrain sur lequel je suis en train de construire aujourd’hui. » reconnaît-elle.
L’activité maraîchère est très avantageuse comme le témoigne Aminata Bangoura «L’un des plus grands avantages est que dans cette activité nous parvenons à nourrir nos enfants.»
En plus de l’apport économique, les exploitatrices vantent les qualités des produits cultivés « Les feuilles de ce jardin sont beaucoup appréciées par la clientèle à cause de leur qualité dont la propreté, contrairement aux feuilles importées des autres localités » a témoigné Jeanne Haba.
Les avantages ne se limitent pas qu’à l’aspect économique. Sur le plan environnemental, la présence de ces femmes empêche l’envahissement des lieux par les ordures. « C’est grâce à notre activité que les gens ne jettent pas trop d’ordures ici. Si vous voyez là-haut, il y a tellement d’ordures que l’eau n’arrive pas à descendre correctement jusqu’ici » a fait remarquer Aminata Bangoura.
Mais pour les environnementalistes, l’activité de maraîchage impacte négativement l’environnement « l’impact de l’activité est qu’au départ il faut défricher pour pouvoir faire les opérations culturales » énonce Capitaine KONÉ Falaye ingénieur des eaux et forêts.
Pour atténuer les conséquences de ces activités de maraîchage, le capitaine à la retraite Falaye KONÉ conseille « Il y a assez de solutions pour atténuer ces actions anthropiques. La première mesure c’est d’interdire, de circoncire et de délimiter la zone et faire une mise en défense. La mise en défend consiste à délimiter une zone et la laisser au repos pendant une certaine période. Pour que la végétation qui était là au préalable puisse se reconstituer. »
En attendant cette mesure environnementale, les usagées exploitent la zone dans la plus grande convivialité comme le témoigne la quinquagénaire Aminata Bangoura « Il n’y a jamais de conflit entre nous les exploitantes d’ici pourtant toutes les ethnies sont là. »
À cause des nombreuses difficultés, les activités se ralentissent et la production baisse « Si c’est la saison des pluies il n’y a aucun problème mais en saison sèche le manque d’eau nous fatigue énormément. Depuis l’arrêt de ce forage, nous n’avons plus d’eau. C’est dans ce bassin vétuste que nous obtenons de l’eau pour arroser les feuilles. »
Aminata Bangoura plaide pour une alternative pouvant palier à ce manque d’eau « Nous voulons que l’État nous aide à avoir des puits pour pallier au manque d’eau. » Même message chez Madeleine Wamouno qui invite les autres femmes à faire comme elle. Selon elle, « avant de demander au gouvernement de t’aider, il faut que le gouvernement te trouve sur une activité dans laquelle il peut t’aider » estime Madeleine Wamouno aux autres dames.
Cet article a été réalisé avec la participation de CFI, Agence française de développement médias, dans le cadre du Projet TERRA AFRICA.
La rédaction