Les journalistes bénéficiaires du projet Terra Africa ont effectué le mercredi 15 mai 2024 une visite de terrain à Sondo dans la prefecture de Coyah. L’objectif de cette visite est de sensibiliser ces acteurs sur l’importance écologique et socio-économique de la mangrove mais aussi la compréhension des causes et conséquences de la destruction de sa destruction. La visite a aussi connu la présence des acteurs de la société civile et les experts du Centre de Recherche Scientifique de Conakry Rogbanè (CERESCOR).
Sur le terrain le constat est visiblement alarment, la mangrove est défrichée et les constructions s’avancent anarchiquement dans la boue noire. Des signes de remblais sont aussi visibles et d’autres creusent dans la boue de la mangrove pour y mettre des fondations.
Une réalité qui ne laisse pas indifférent Docteur Abdoulaye Camara chercheur au Centre de Recherche Scientifique de Conakry Rogbanè « Vous voyez aujourd’hui sur le littoral des citoyens repoussent la mangrove pour construire des bâtiments. Quelque chose qui aura pour conséquence la disparition des ressources halieutiques. La sécurité alimentaire sera menacée et il y aura l’inondation qui va suivre dans les autres localités du littoral. » A-t-il interpellé.
Pour sa part dès la première vue, Monsieur Fodé Bassy Bangoura s’est dit étonné et surpris de voir ces impacts de l’homme sur l’environnement.
Tout de même, il reconnaît que le phénomène est général sur toute la côte guinéenne. Comme raison de cette agression humaine « le plus souvent les gens font ça pour subvenir à leurs besoins quotidiens. Mais la destruction de la mangrove pose plus de problème qu’elle n’en résout. » a-t-il justifié.
Cette zone de transition entre la mer et le continent est d’une importance capitale selon les chercheurs « La mangrove est l’interface entre l’écosystème marin et l’écosystème terrestre. Elle joue le rôle de régulateur mais aussi sert de zone nourricière et de reproduction pour les poissons et d’autres espèces aquatiques. La mangrove absorbe aussi le CO2 qui est le composant majeur du gaz à effet de serre. » a précisé l’expert spécialiste de la mangrove.
Mais elle est quand-même agressée et risque de disparaitre sous l’effet anthropique.
Pour reduire l’ampleur de cette agression humaine, Habib Ly de l’ONG Action Contre le Réchauffement Climatique (ACOREC) lance un appel « l’appel que j’ai à lancer aux citoyens, c’est de ne pas agresser la mangrove parce que notre survie en dépend. Il y a une interaction entre la mangrove et la vie humaine. Si la mangrove est dégradée, cela aura un impact négatif sur les citoyens qui vivent sur la zone côtière. » A-t-il lancé
À cet appel s’ajoute des actions déjà entreprises sur le terrain comme c’est le cas avec l’ONG Guinée écologie représentée lors de cette visite par Aboubacar Soumah chargé des projets de restauration de la mangrove. Il a mis l’occasion à profit pour rappeler quelques actions réalisées dans le cadre de la protection et la restauration de la mangrove « les fours écologiques pour les femmes fumeuses de poisson, les foyers pour les ménages et les operations de reboisement ont été effectués par cette ONG dans le cadre de la protection et la préservation de la mangrove. »
Les spécialistes également promettent prendre le problème à bras le corps. « À partir du moment où nous avons pris connaissance de cette réalité, nous allons orienter des études dans ce sens pour produire des rapports que nous allons remonter à l’Etat pour que les dispositions soient prises. »
Mais dans l’immédiat Dr. Abdoulaye Camara annonce « nous demandons à l’Etat d’interdire la coupe abusive de la mangrove. Ou à défaut de l’interdire, il faut limiter. Si l’on veut la restaurer pour revenir à son état initial, il faut reboiser la zone. »
Habib Ly de ACOREC ropose « aux institutions et à l’Etat de mettre en place les initiatives moins polluantes qui peuvent changer les habitudes de certaines mpersonnes qui n’ont que ça à faire comme activité. »
Il faut noter que cette visite a aussi permis de faciliter le dialogue entre les experts, les représentants locaux, les OSC et la presse pour promouvoir des actions de préservation.
Boèboè Béavogui