La 11eme conférence panafricaine sur les flux financiers illicites et la fiscalité (PAC)s’est ouverture mercredi 22 novembre 2023 à Accra au Ghana. Cette 11ème PAC a pour thème « Faire une gouvernance fiscale mondiale, travailler pour l’Afrique. » La cérémonie d’ouverture s’est tenue en présence des autorités politiques et administratives du pays hôte mais également des fiscalistes, des activistes et des journalistes venu de la sous-région Ouest-africaine.
Par définition, les flux financiers illicites désignent les mouvements transfrontaliers de fonds qui sont gagnés soit par la corruption, la contrebande…, transférés et/ou utilisés de manière illégale. La conférence africaine sur les flux financiers illicites et la mobilisation des ressources domestiques est une rencontre annuelle qui propose des thématiques de discussions diverses. Aux nombres de ces thématiques il y a le programme de transformation africaine pour l’architecture financière mondiale, le leadership de l’Afrique dans le système fiscal international, l’architecture financière internationale et l’industrie extractive africaine.
La directrice exécutive de Tax Justice Network Africa a expliqué les motifs de l’organisation de cette 11ème rencontre. Pour Mme Chenai Mukumba « la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique contribue de manière significative à la transformation en cours des économies sur tout le continent et renforce la détermination à réaliser un développement inclusif et durable, comme prévu dans l’Agenda 2063 de l’Afrique. »
Elle ajoute que la meilleure façon de mener cette lutte c’est de mettre les efforts en commun « Nous restons convaincus que, la meilleure façon de discuter des problèmes africains et trouver des solutions communes pour la justice fiscale c’est de mettre les acteurs étatiques, les experts africains, des universitaires, des organisations de la société civile, les médias ensemble et les institutions sous-régionales de l’Afrique. »
« Une prise de conscience de l’Afrique est nécessaire quant à sa position géopolitique » affirme Dr Godfred Jasaw Seidu, vice-président du réseau parlementaire africain sur les flux financiers illicites et la fiscalité. Il poursuit en disant « Je pense que la participation de l’Afrique au G20 ne peut être une réussite importante que lorsqu’elle vient avec des contributions et non pour demander des fonds afin de financer son développement » a-t-il précisé. Il estime qu’il existe un large faussé entre le produit intérieur brut (PIB) et le niveau de mobilisation des ressources domestiques. Il est donc nécessaire et primordial de renforcer les capacités de l’administration fiscale afin de recouvrir les recettes locales renforcer et de réduire les flux financiers illicites (FFI) qui coutent des milliards à chaque pays africain.
Dr Godfred Jasaw Seidu déplore cependant les exonérations ainsi que les avantages fiscaux offertes à certaines entreprises ne sont pas sans conséquences sur les économies africaines.
La conférence se veut aussi un endroit où les parlementaires viennent soutenir les initiatives du réseau pour la justice fiscale mais aussi affirmer leur volonté d’accompagner les peuples africains qu’ils représentent pour un développement durable et inclusif.
Honorable Iréné Ovonji-Odida, membre du panel de haut niveau sur les flux financiers illicites estime que les flux financiers illicites et la mobilisation des ressources domestiques sont des sujets critiques pour la vie des communautés de l’Afrique en générale, particulièrement le Ghana qui aujourd’hui traverse une situation financièrement terrible. L’une des conséquences est que le pays se retrouve avec des dettes énormes. Si c’est le cas pour le reste des pays africains, il est donc difficile de trouver des financements. La gouvernance globale de la fiscalité de l’Afrique me rend vraiment triste dénonce l’honorable député.
Le représentant du ministre des Finances du Ghana précise que depuis les années 2000 les croissances de l’Afrique ont doublé selon le rapport du développement dynamique. L’opportunité de l’Afrique est illimité et dont la croissance est plus rapide.
Monsieur Brian Pan-Africanisteqaffirme « Pour un développement durable de l’Afrique il est question d’imaginer et de réimaginer sa politique. Il estime que si l’on est capable de construire des échangeurs aux seins de nos pays respectifs, on devrait aussi être capable de construire des ponts pour rallier nos États au sein de l’Afrique pour faciliter le développement durable. Nous n’avons jamais connu de malédiction de nos ressources mais plutôt questionnons sa manière de gouvernance » raisonne M. BRIAN.
Pour rappelle, le rapport 2020 de la convention des nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) sur le développement économique en Afrique indique que les flux financiers illicites privent l’Afrique de 88,6 milliards de dollars chaque année.
Idiatou Souaré