La pose de la première pierre du projet d’aménagement du lac Gbassi-kolo situé à l’entrée de Kaloum, suscite des inquiétudes chez les cohabitants et autochtones du site. Les Bagas autochtones dénoncent leur exclusion du projet. Les cohabitants quant à eux s’inquiètent d’un éventuel déguerpissement des lieux qu’il s occupent depuis belle lurette. Les deux parties dénoncent une démarche d’exclusion et interpelle le gouvernement et les initiateurs de ce projet au respect de leur droit. Guineeline.net les a donnés la parole pour en savoir davantage.
Selon les axes prioritaires pour un développement durable, tout projet devait tenir compte du principe d’inclusion de tous les acteurs. Dans le cadre de ce projet d’aménagement du lac mythique Gbassi-kolo un des fils du terroir, Lansana Almamy Soumah alias Docta secrétaire administratif du quartier Kaporo et conseiller à la mairie de Ratoma dit que ça n’a pas été le cas « avant on consultait les autochtones mais maintenant tel n’est plus le cas. Depuis l’époque coloniale jusqu’à l’indépendance, tout ce qui se faisait, les Bagas étaient consultés. Sékou Touré d’ailleurs a pris les Bagas comme ses pères adoptifs à travers l’Almamy Kala qui a été le dernier chef de Canton du royaume de Dubréka. Le Général Lansana Conté est venu c’était la même chose» s’est montré nostalgique M. Soumah.
A la question de savoir si la communauté a été associée ? Lansana Soumah répond sans détour « la communauté n’est pas informée. Si elle avait été associée, quelqu’un allait m’en parler mais ce n’est pas le cas. Puisse que c’est un lieu de rituel des Bagas, les autorités devaient venir voir la communauté pour qu’elle fasse le sacrifice qu’il faille pour cet endroit. »
En plus de la communautés Bagas autochtones d’une bonne partie du littoral guinéen, les riverains du lac se disent également inquiets de la méthode du démarrage de ce projet d’aménagement.
Ils sont pour la plupart des militaires à la retraite et disent avoir occupé l’endroit depuis 1986 sous l’ordre du feu Président Général Lansana Conté.
C’est le cas du Colonel de la marine nationale à la retraite Mamady Traoré qui revient sur les circonstance dans lesquelles ils ont occupé les alentours du lac Gbassi-kolo « c’était en 1986 quand les travaux d’extension du camp Samory ont commencé, le Général Conté nous a dit de chercher partout où se trouve des bâtiments étatiques et les occuper. Certains sont parti à Sangoyah, d’autres à Kissosso où il y avait déjà des cités construites. Nous, nous sommes venus ici » a rappelé le colonel Traoré.
Bien avant ce projet d’aménagement, les riverains de ce lac ont plusieurs fois été menacés de déguerpissement. Le chef secteur également militaire à la retraite le Commandant Ibrahima Kourouma se souvient d’un acte récent « nous avons été une fois menacé de déguerpissement ici. C’est le gouvernorat qui avait envoyé les gens entre 02h-03h du matin. Ils sont venus casser les bâtiments qui étaient du côté du lac » se souvient le commandant Kourouma.
« Par rapport à l’aménagement du lac, ils ne nous ont pas montré d’ordre de mission mais nous avons été informés. Ce sont deux colonels (un policier et un gendarme) qui sont venus nous informés que nos bâtiments seront cassés. Ils nous ont même arrêté pour nous envoyer au port. Nous avons informé à la commune, ils nous ont dit qu’ils sont informés pour le lac mais pas pour la casse de nos bâtiment. »
Même s’ils pensent que les choses se sont un peu calmées ces derniers temps, la crainte persiste toujours chez les riverains car rien ne garantit leur présence à cet endroit. Mais le colonel Traoré souhaite que cette question soit posée à l’entreprise qui porte ce projet d’aménagement à savoir « demander à l’entreprise qui doit aménager ici si c’était chez eux, comment elle allait procéder au déguerpissement des habitants d’un site qui doit être aménagé même si c’est d’utilité publique. »
Tous s’accordent que le projet est une bonne initiative et souhaite sa réussite. Les riverains et les autochtones lancent des messages. Colonel Mamady Traoré interpelle les autorités en ces termes « Ce n’est pas le fait de nous déguerpir d’ici qui nous fait mal mais la manière en tant que guinéen et officier supérieur du pays. Ils nous déguerpissent on dirait que nous ne sommes pas dans notre propre pays. Ce n’est pour de l’argent mais ils n’ont qu’à nous donner même le transport seulement mais nous faire déguerpir dignement. » souhaite le colonel Mamady Doumbouya.
Lansana Almamy Soumah alias Docta le natif de Kaporo, également n’a rien contre l’initiative mais il souhaite tout simplement l’inclusion de toutes les parties « Je suis content pour ce projet. Mon souhait est que ça soit réalisé parce que nos ancêtres ont voulu que Conakry soit ce qu’elle est aujourd’hui en tant que capitale de la Guinée. Pour ce qui est du site Gbassi-kolo, je demande humblement à Mme la gouverneure, aux ministres concernés et au Président de la transition le colonel Mamady Doumbouya de rencontrer la communauté pour le sacrifice qui doit être fait là-bas avant de commencer les travaux. » suggère Docta le natif de Kaporo.
Boèboè Béavogui