Dans le cadre de la mise en œuvre de la contribution déterminée au niveau nationale (CDN), notre rédaction a donné la parole à Camara Sékou Fodé Point Focal de cette contribution déterminée au niveau nationale pour parler de son contexte et de sa mise en place, les missions qui lui sont assignées mais aussi du niveau actuel de l’évolution de ses activités. Dans cet entretien que le point focal CDN-Guinée a bien voulu nous accorder, il s’agit des accords auxquels la Guinée est partie pour la lutte contre le réchauffement climatique, la capacité de recouvrement international des fonds et la capacité d’absorption de ces fonds à l’interne. Malgré l’énormité des défis, la Guinée est en mesure d’assumer sa position à en croire le point focal Camara Fodé Sékou.
Le point focal ouvre cet entretien par un rappel sur le parcours de la Guinée dans cette lutte contre le réchauffement climatique ‘’la République de Guinée a ratifié la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1993 et le Protocole de Kyoto en 2005. Elle a, depuis, élaboré des stratégies en matière de lutte contre les changements climatiques, parmi lesquelles sa Communication Nationale Initiale (CNI) sur la base d’un inventaire des gaz à effet de serre (GES) en 2001, puis sur la base des émissions de 1994 sa seconde Communication Nationale (SCN) sur la base des émissions de 2000. Enfin, la République de Guinée a élaboré son Plan d’Action National d’Adaptation aux changements climatiques (PANA) en 2007 et engagé plusieurs projets pour mettre en œuvre ce plan. Elle est par ailleurs actuellement engagée dans le processus d’élaboration de sa Troisième Communication nationale (TCN) et de son Plan National d’Adaptation (PNA), qui devraient respectivement être achevés en 2023 et 2024’’ a planté comme décor Fodé Sékou Camara point focal de la CDN-Guinée à l’entame de cet entretien. Pour lui, ‘’la contribution déterminée au niveau nationale CDN qui était appelée contribution prévue déterminée au niveau nationale (CPDN) est un document qui comporte des engagements de réduction des émissions de Gaz à effet de serre. Il couvre quatre secteurs entre autres le secteur de l’énergie, procédés industriels, agriculture, utilisation des terres, changement d’affectation des terres et foresterie, transports, déchets. Cette contribution est née de l’accord de Paris sur le changement climatique’’ rappelle M. Camara.
Avant de poursuivre, il ajoute que ‘’l’accord de Paris’’ est un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique COP 21, à Paris, le 12 décembre 2015. Il est entré en vigueur le 4 novembre 2016. Tous les pays qui ont ratifié cet accord sont désormais dans l’obligation de limiter l’élévation de la température à 1,5 (accord de Paris).
A partir de 2016 la Contribution prévue déterminée au niveau national devient Contribution Déterminée au Niveau National. L’accord de Paris stipule que tous les cinq ans la CDN doit être révisée afin d’intégrer de nouvelles données. D’où la révision de la CDN-Guinée en 2021.
A la question de savoir la nouveauté dans cette convention, le point focal estime que l’efficacité de cette nouvelle contribution déterminée au niveau national CDN intègre de nouvelles données ou le niveau d’ambition et d’engagement ont été rehaussé. C’est pour dire que la Guinée était partie à la CPDN 2015 avec huit 8 engagements : cinq (5) au niveau de l’atténuation et trois (3) au niveau de l’adaptation. Il indique également que cette CDN qui a été réviser est partie avec dix (10) engagements dont un engagement additionnel, pour la Contribution déterminée au niveau national de 2021. « Nous avons 10 engagements dont 7 engagements dans l’atténuation et trois engagements dans l’adaptation. »
Le point focal est optimiste quant à l’efficacité de la CDN-Guinée c’est pourquoi il déclare ‘’quand on dit que la CDN- Guinée est ambitieuse, c’est parce qu’elle est partie sur de nouvelles données et qu’elle a rehaussé son niveau d’engagement par rapport à la CDN de 2015 qui était à 13% de réduction. Dans la CDN actuelle nous sommes à 49% de réduction en termes d’engagement et dont 20% à titre inconditionnel (mobilisation des ressources par l’Etat Guinéen) et le reste est conditionnel (à travers les financements étrangers)’’ a justifié Fodé Sékou Camara.
Suite aux études menées par la CDN sur les premières estimations, les coûts de mise en œuvre de nos engagements s’élèvent d’ici 2030 à environ 15 milliards de dollar US pour l’atténuation des effets du changement climatique et d’un milliard de dollar US pour l’adaptation à en croire la déclaration de la ministre de l’environnement et du développement durable lors de la COP 26 à Glasgow. Une différence d’environ 200 milliaons de dollars si l’on tient compte du contenu de la Contribution Déterminée au Niveau National qui a prévue 13,8 milliards de dollars pour le volet atténuation.
A la question de savoir le niveau d’évaluation de la mobilisation de ces 13 milliards de dollars annoncés plus haut, le point focal est plutôt superficiel sur sa réponse. Selon lui ‘’la mobilisation dépend de la capacité interne de la Guinée au niveau international.’’ Il ajoute que le ministère est sur la bonne voie pour mobiliser les fonds nécessaires pour atténuer les effets du changement climatique. Pour l’instant la contribution Déterminée au niveau National n’a pas fait l’objet d’une vulgarisation. Cependant elle est transmise dans tous les départements ministériels. Il y a également des points focaux ‘’changement climatique’’ dans chaque ministère et tous les ministères sont concernés par le changement climatique a-t-il précisé.
Pour rappelle les données qui ont été utilisées dans la contribution prévue déterminée CPDN 2015 était des données de 1989 de la communication initiale. Cette CDN révisée a pour année de référence 2018 et constitue l’année d’inventaire de la troisième communication.
Idiatou Souaré