Sur l’île de Kaback, au sud-ouest de la Guinée, les habitants du district de Bossimiah voient leurs terres disparaître sous l’effet de l’érosion côtière depuis plus de 16 ans. Face à la mer qui avance, les familles perdent leurs terres, leurs moyens de subsistance, et leur accès à l’eau potable. Témoignage poignant d’un riverain sur un quotidien bouleversé.
Lors d’un voyage de presse tenu à la suite d’un atelier de formation pour la spécialisation des journalistes sur les questions environnementales et de changements climatiques, un reporter de votre quotidien guineeline.net a prêté l’oreille aux cris de cœur de Ibrahima Kolet Camara un citoyen de Bossimiah.
Une digue disparue, un avenir englouti
Dans la sous-préfecture de Kaback, la disparition d’une digue il y a seize ans a laissé les habitants du littoral, notamment à Bossimiah, sans défense face à la montée des eaux. « La destruction de la digue nous a causé beaucoup de difficultés ici », témoigne un riverain. Résultat : des terres agricoles inondées, une agriculture rendue impossible, et une communauté en détresse.
L’agriculture en ruine, la faim en héritage
« Avant, on cultivait ici. C’est de cela que nous vivions. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus cultiver », confie Ibrahima Kolet Camara. Avec l’avancée de la mer, l’économie locale s’est effondrée. Privées de récoltes, les familles n’ont plus de revenus et l’insécurité alimentaire s’installe.
La pêche, dernier recours menacé
La pêche, seule activité de survie encore possible, ne suffit plus. L’envasement des zones de pêche et l’absence de moyens pour s’éloigner en mer réduisent les prises. « La quantité de boue a augmenté, et nous n’avons pas de dispositif pour aller plus loin », déplore le témoin.
Un projet d’infrastructure mis en cause
Les habitants pointent du doigt un projet d’aménagement maritime en cours. Selon eux, les travaux de chaînage pour le passage des bateaux aggraveraient la situation. « Nous pensons que c’est le chaînage que l’entreprise est en train de faire qui aggrave la montée des eaux », affirme Ibrahima Kolet Camara.
Une survie rendue possible par la solidarité
Face à cette précarité croissante, les habitants comptent sur l’aide de leurs proches installés ailleurs. « Ce sont nos parents qui sont partis à l’aventure qui nous aident à avoir de la nourriture. Les femmes aussi se battent beaucoup pour la survie à travers certaines activités génératrices de revenus. »
L’eau douce contaminée
Autre conséquence dramatique : l’infiltration de l’eau salée dans les puits. « Les lieux où on puisait de l’eau potable sont aujourd’hui envahis par des eaux salées. Nous sommes obligés d’acheter l’eau pour boire. ». Il est extrêmement difficile de s’approvisionner en eau potable dans cette presqu’ile, jadis grenier de la Basse Côte.
Une alerte ignorée
Les maisons commencent à être menacées, même si aucune victime n’est à déplorer pour l’instant. « L’eau monte et les signes sont là », préviennent les habitants. Ce témoignage met en lumière les effets concrets du changement climatique, amplifiés par des projets de développement mal planifiés.
Mamadou Oury Bah


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