L’Office Guinéen des Parcs Nationaux et Réserve de Faune a récemment mandaté le Colonel à la retraite Aboubacar Oularé en tant que consultant indépendant pour coordonner le processus de création de la réserve de faune de Gambie -Falémé. De retour de cette mission de prospection, le consultant indépendant s’est prêté aux questions de la rédaction de guineeline.net. Dans cette interview, Colonel Aboubacar Oularé décrit l’importance d’une réserve de faune, l’historique des réserves de faunes en Guinée et la procédure actuellement en cours pour la mise en place de celle de Gambie-Falémé située entre les préfectures de Mali et Koubia en Moyenne Guinée.
Cette réserve entièrement située dans la région du Fouta Djallon va être classée autour de quatre forêts classées dans le but non seulement de préserver les espèces de la biodiversité mais de contribuer aussi à impulser le développement local des communautés riveraines « La réserve de faune de Gambie-Falémé va porter sur une superficie de 373 100 hectares et elle va couvrir quatre forêts classées : la forêt classée de Woundou Nord, la forêt classée de Woundou Sud dans les communes rurales de Gadawondou et Fafaya dans la préfecture de Koubia et les forêts classées Kavela et de Gambie dans les communes rurales de Madina Salabandé et de Balaki dans la préfecture de Mali. » a décrit le colonel Aboubacar Oularé.
Le conservateur à la retraite Colonel décline l’objectif de la création de cette réserve « L’objectif attendu de ce classement est d’abord de contribuer à consolider le cordon vert au nord de la Guinée. Ensuite la préservation des habitats de forêts denses sèches caractéristique de cette zone mais aussi dans le cadre de la conservation non seulement des écosystèmes et des principaux cours d’eau qui y sont à savoir notamment le fleuve Gambie, la rivière Woundou et la Koila exactement. Il y a non seulement un impératif écologique de protection d’espèces mais aussi de contribuer à sécuriser leur existence, sécuriser les moyens de base pour subvenir aux besoins vitaux.» a t-il longuement expliqué avant d’exprimer sa joie à découvrir certaines espèces phares dans cette réserve « Je suis très heureux de vous dire que si on a tendance à croire que toutes les principales espèces phares en Guinée ont disparu, je viens de réaliser dans cette zone une mission de prospection et de reconnaissance. »
L’existence de certaines de ces espèces dites phares est une menace pour d’autres habitats selon le Colonel Aboubacar Oularé « Les principales espèces phares malheureusement qui créent encore beaucoup de problème à la population avec des conflits hommes faunes. Il s’agit du léopard qu’on appelle communément la panthère qui fait des prédation sur les bétails domestiques. »
Il y a également des populations importantes de chimpanzés que la Guinée regorge heureusement la plus forte population en Afrique de l’Ouest. Il y a aussi des populations de lions, de buffle nain ou le buffle de savane. Il existe même l’hippotragus ou l’antilope cheval et l’élan de derby la plus grande antilope du monde.
En plus de l’existence de cette panoplie d’espèces animales phares, la zone révèle un autre atout majeur propice à la création d’une réserve de faune « A part le fait qu’elle abrite beaucoup d’espèces animales, l’habitat est propice parce que la population humaine est très faiblement représentée avec une densité de moins de cinq habitants au kilomètre carré (5hbt/km²). Ce qui joue aussi en faveur du maintien ce potentiel c’est que la zone est très difficile d’accès. Ce sont des zones très enclavées où même un véhicule 4 4 ne peut pas faire plus de 10 km à l’heure. Cette zone est très intéressante en matière de conservation. » a révélé le consultant indépendant.
A ces conditions naturelles vont s’ajouter les démarches techniques et administratives déjà en cours pour la création effective de la réserve de faune Gambie-Falémé « La création d’une aire protégée est un processus hautement participatif pour la raison bien simple qu’on ne peut pas les construire sans avoir l’accord et l’aval des communautés afin qu’elle soit d’avantage responsabilisée et qu’elles s’assimilent à l’ensemble du processus avant, pendant et après.» À date quelques progrès sont déjà enregistrés et beaucoup sont en cours « La connaissance du milieu a beaucoup avancé et nous sommes actuellement en train d’avancer avec les population dans le sens d’avoir leur accord signé. Après nous passeront à l’étape de la cartographie. La fixation des limites des forêts qui ont été classées entre les années 52-55 et l’appropriation des communautés de l’ensemble du processus. La finalité sera de proposer à l’Etat un acte règlementaire c’est-à-dire un décret conformément aux dispositions du code de protection de la faune sauvage et de la règlementation de la chasse. »
La création d’une réserve de faune n’est par une première en Guinée, le spécialiste des forêts et biodiversité rappelle celles qui ont existé depuis l’époque coloniale puis après 1984 « Au temps colonial il a été classé en Guinée quatre réserve de faune à savoir la réserve de parcelle de faune de Kankan, la réserve de Boké, la réserve de Koumbia et la réserve de Dinguiraye. A l’accession de la Guinée à l’indépendance, la gestion de ces réserves a été interrompu. Finalement après 1985, avec les nouvelles options prises par les autorités de l’époque la relance des aires protégées a commencé. » en attendant la création effective de Gambie-Falémé d’autres réserve de faune existent « Aujourd’hui nous avons une réserve gérée qui est la réserve de Tristao sur 85 milles hectares dans le milieu marin. Il existe aussi toujours dans le sens des réserves, la réserve des faunes de Kankan qui a fait l’objet d’une amodiation avec un concessionnaire privé. »
Le colonel à la retraite en tant consultant indépendant sur les questions de forêt, faune et biodiversité demande au ministère de l’environnement et du développement durable à travers l’Office des parcs nationaux et réserve de faune « fournir d’avantages d’efforts pour amener les populations à s’approprier du processus. Également, faire en sorte que les conflits qui existent actuellement entre les populations humaines et les cheptels sauvages puissent être atténué. Faire en sorte aussi que ce processus qui a commencé puisse pendant cette année 2024 trouver son aboutissement afin qu’un d’aménagement et de gestion qui va mettre en place les règles d’accès aux ressources puissent suivre tout suite après la signature par l’autorité centrale du décret qui va fixer la création de la réserve de faune de Gambie-Falémé. » souhaite le Colonel conservateur de la nature Aboubacar Oularé.
Boèboè Béavogui