Première réserve et deuxième exportatrice mondiale de bauxite, la Guinée a aujourd’hui l’un des plus grands potentiels économiques miniers méconnu et sous-exploité. Deuxième pourvoyeur d’emploi auprès de l’État, le secteur minier guinéen est celui qui apporte le plus à l’économie guinéenne avec une contribution du quart du PIB. Plusieurs entreprises évoluent dans le secteur dont certains depuis plus de 50 ans. Mais l’arrivée de nouvelle entreprises pendant ces 10 dernières années a révolutionné le secteur à une allure qui mérite plus d’attentions. En plus de son apport à l’économie et à l’emploi, le secteur minier affecte l’environnement. Ce qui nécessite des interrogations et des interpellations pour une exploitation juste au bénéfice des générations actuelles et futures. Pour s’enquérir des réalités sur divers aspects de ce secteur, la rédaction de guineeline.net est allée à la rencontre du Président de la chambre des mines. A cœur ouvert, Ismaël Diakité a expliqué de long en large l’importance de ce secteur dans l’économie, les minerais les plus exploités, les performances logistiques de ces entreprises et les investissements chinois dans ce secteur en Guinée.
Le président de la chambre des mines commencé par mettre un accent particulier sur la place du secteur minier en Guinée « l’activité minière est une activité essentielle pour l’économie guinéenne après le secteur agricole. De manière générale après le secteur rural, le secteur minier constitue le pilier le plus important. Cela se traduit non seulement par sa contribution au quart du PIB de la Guinée mais également c’est le secteur qui est le plus grand pourvoyeur d’emploi auprès de l’Etat. »
En même temps c’est le secteur qui contribue à la modernisation de l’économie guinéenne « c’est dans ce secteur qu’il y a le plus grand nombre d’étranger. Cet apport de capitaux étrangers va forcément avec le transfert de la technologie, d’expertise, de connaissances, d’équipements, de moyens logistiques terrestres et maritimes » rappelle t-il
« L’activité minière est essentielle, elle est porteuse à la fois de développement à court moyen et long terme. C’est elle qui constitue la dorsale parce qu’elle contribue également au développement des infrastructures économiques notamment les routes l’accès aux sites et les moyens d’évacuations des minerais vers les ports » a brièvement planté comme décor avant d’aborder les différents angles. Notamment celui qui concerne le processus d’octroi des permis en Guinée, le 1er responsable de la chambre des mines n’y voit aucun amalgame « je pense que le code minier est suffisamment explicite là-dessus. Je pense qu’au-delà des procédures qui sont édictées par le code il y a forcement les institutions qui interviennent dans l’instruction de demande des permis jusqu’à l’octroi et le renouvellement des permis. Puisque ceci est prévu dans les dispositions du code minier en vigueur, il y a donc l’investisseur qui initie le projet, la commission technique des titres et la commission nationale des mines qui instruisent l’ensemble des demandes qui contiennent essentiellement une prévision budgétaire, un plan de travail, un calendrier et toutes les informations relatives à la personne physique ou morale qui demande le titre à savoir quel est son niveau de capitalisation quel est son expérience dans le domaine et quel est son enregistrement dans le cadre légale en Guinée mais également le plan fiscale. » a largement expliqué Ismaël Diakité avant d’ajouter que « tous ceux-ci sont des éléments à la fois prévue dans le code ainsi que dans les textes d’applications » rappelle-t-il.
Pour ce qui concerne les minerais les plus intéressants et qui contribuent essentiellement au PIB et au revenu de l’Etat il y a forcement la bauxite et tout le monde le sait qu’elle constitue l’essentielle des exploitations. « Nous tendons aujourd’hui vers 100 millions de tonne de bauxite brute de bonne qualité exportée essentiellement sur la chine. Mais historiquement la bauxite guinéenne a été reçu dans les raffineries du canada, des États-Unis et même de la France mais avec les fusions et les acquissions. Il y a une concentration des sociétés et en dehors de la CBG qui continue à travailler sur les marchés traditionnels. Les marchés de pointes sont essentiellement les marchés qui sont en Chine. »
L’autre aspect de la bauxite, c’est sa semi-transformation à Friguia avec Rusal. Là également les statistiques ne sont pas moindres malgré qu’étant en régression depuis ces dix dernières années « Après la bauxite il y a forcement l’Alumine et sur ce plan il y a une régression sinon on était à 700 milles tonnes il y a une dizaines d’années. Aujourd’hui on est à moins de 600 milles tonnes. »
En égrainant le chapelet des minerais en exploitation, le Président de la chambre n’omet pas l’or « A côté de cela il y a de l’or et cette quantité d’or qui provient du secteur formel à travers quatre 4 sociétés qui travaillent dont Anglogold pour la SAG et tout récemment la société minière de Mandiana. Il y a certaines sociétés qui se développent à Kouroussa, à Mamou mais pour le moment elles sont en phase de développement ou en phase d’exploitation. »
sur ces trois ressources, Monsieur Diakité a voulu se résumer ainsi « Donc sur la question, la bauxite est pour le moment à plus de 86% de nos exportations. L’alumine, une infinie partie, l’or et le diamant. Donc l’État tire ses revenus grâce aux exportations. Ils sont essentiellement constitués de toutes les taxes qui sont perçues avant exportation. Les taxes d’exportations et les taxes d’exploitations » avant d’aborder l’aspect apport économique de ces ressources en exploitation « Il y a des ressources importantes qui ne vont pas directement dans les caisses de l’État mais qui sont investis dans l’économie à travers des plans de développement communautaire. Ces plans sont extrêmement importants dans la mesure où ils s’adressent aux communautés impactées en premier lieu qui sont dans les girons des compagnies minières. Également du fait de la politique de l’État en matière de redistribution de revenus. Ces ressources servent à financer le fonds de développement économique et local (FODEL) et le fonds national de développement local (FNDL) qui sont des institutions qui ont été toutes ramenées dans le cadre de l’agence nationale de financement des collectivités locales (ANAFIC). Il faut s’assurer que cette redistribution soit équilibrée et pondérée de façon à ce que toute la Guinée en profite. Pas seulement ceux qui sont dans les bassins miniers. Il y a aussi toutes les ressources qui partent vers les emplois directs et les emplois indirects des compagnies minières. Ces ressources sont importantes parce que ce sont des revenus directes distribuées et qui contribuent aux bien être des employés. » Il y a également Friguia qui existait au paravent et sa vocation était de produire l’alumine de 700 milles tonnes destinées aux usines de Pechiney à l’époque. Depuis une vingtaines d’années cette usine est la propriété de Rusal. Elle continue à produire de la bauxite pour une raffinerie qui est située en Russie.
« Au-delà de ces deux société aujourd’hui il y a la Société Minière de Boké (SMB) qui est assez importante en termes de production également en termes d’emploi et d’envergure des infrastructures qui ont été développées. Notamment un chemin de fer de 132 km, des routes minières d’une centaine de km et un système de port fluvial. Il y a deux ports, le port de Dapilon et le port de Katougouma dans la région de Boké. »
M. Diakité s’est efforcé d’aller en profondeur des explications du fonctionnement du système fluvial de la SMB aujourd’hui leader dans l’exploitation de la bauxite en Guinée « à partir de ces ports il y a un système de barge et de remorquage qui sont mis en place pour transporter environ 8 000 T de bauxite. Actuellement il y en a une centaine qui drainent la bauxite en haute mer et qui reçoivent des navires de grande taille de 135 000 T. Ce qu’on appelle des capesize avec des navires qui font 310 000 ou 320 000 T. »
cette chaine logistique combinée et intégrée au terrestre avec autre chemin de fer de la SMB l’une des sociétés les plus performantes en matière de gestion de la logistique minière. « La SMB est aujourd’hui l’une des compagnies les plus importantes qui apporte beaucoup de ressources à l’Etat guinéen mais qui également contribue à développer les ressources humaines de la Guinée ainsi que des infrastructures minières. Elle Favorise le développement d’un pôle économique dans la région de Boké. Il y a aussi la CBK qui exploite la bauxite depuis une quarantaine d’années. »
A côté de la bauxite, notre interlocuteur touche également le secteur aurifère « il y a aussi la SAG qui est une société d’exploitation de l’or en Guinée dans la région de Siguiri. Depuis une trentaine d’années, elle travaille dans ce domaine et fait ses programmes d’extensions. Il y a également la société minière de Dinguiraye qui contribue au développement de la région de la Guinée à travers la création d’emploi, le développement des programmes communautaires à fort impact social. »
En plus des grandes entreprises, le président de la faitière du secteur minier survol les autres sociétés non les moindres « il y a beaucoup d’entreprise qui sont en phase de recherche et de développement des mines dans le domaine de la bauxite. Il y a la GAC, la CDM chine, AMR… »
Le 1er responsable de la chambre des mines fait une mention spéciale sur les entreprises asiatique actuellement en Guinée « durant la dernière décennie il y a eu un nombre important de compagnie chinoise qui se sont installées en Guinée. Certaines sont en phase d’exploitation et la plupart sont en phase de construction et de développement. Il y a aussi des sociétés indo- pakistanaise qui sont en début d’exploitation. Ce sont Ashapura et de Dinamit Mining. »
De la transition énergétique et des minerais stratégiques
La transition énergétique devient une réalité tangible dans la mesure ou nul n’ignore les impacts dévastateurs et très violents du changement climatique à travers les intempéries que nous vivons. Donc cette réalité, il faut y faire face et pour cela il faut agir rapidement sur ces causes essentiellement. Sur la question, le président de la chambre des mines s’est dabors interrogé sur certains point « Comment aller vers la Carbonne neutralité ? Comment réduire l’emprunt carbone ? comment cultiver l’esprit de la carbone neutralité et réaliser les objectifs à l’horizon 2040 ? » Avant de rassurer survlabpositionndes entreprises « C’est le soucis de toutes les compagnies minières aujourd’hui. C’est également le soucis de toutes les parties prenantes du secteur minier que ça soit le gouvernement, les entreprises minières mais aussi les communautés. Donc tout le monde est à la recherche de solution à faible impact sur le changement climatique. »
Pour atteindre cet objectif, il faut les minéraux critiques tel que le cuivre, le cobalt, le manganèse, le lithium.
La Guinée recèle un potentiel de minerais stratégique mais pour le moment à part le graffite qui a été évalué dans la région de Lola il n’y a pas de gisement qui soit identifié ou qui est mis en production. De plus en plus l’Etat délivre des licences a des sociétés qui ont la capacité et les moyens d’engager une recherche intensive pour pouvoir mettre en évidence des réserves prouvées qui pourrait faire l’objet d’investissement important. « Nous travaillons pour un environnement et un investissement durable et que les impacts des projets miniers soient à l’ordre du jour de tous les débats et dans tous les changements qui interviennent dans le secteur minier. Nous en tant que sociétés minières et chambre des mines, nous sommes engagées absolument dans cette perspective et nous essayons de cultiver au niveau de tous nos membres à la fois l’esprit mais aussi la volonté d’agir sur la carbonisation, sur les objectifs qui ont été assignés au plan interne et externe. Nous travaillons à ce que toutes les compagnies participent aux débats mais également travaillent sur un plan d’action pour que la Guinée puisse être un acteur important dans les débats sur le changement climatique. » promet-il
Aspect investissements chinois
Parlant des investissements chinois
Si d’aucuns pensent que les investissements chinois sont peu soucieux des droits des communautés, pour le Président de la chambre des mines, « ce n’est qu’une perception » Ismaël Diakité pense que cette perception ne reflète pas la réalité « les entreprises chinoises comme toutes entreprises qui interviennent dans le secteur extractif en Guinée ou ailleurs viennent en considération des lois qui existent mais également des standards et des normes en la matière. » En voulant investir dans un pays on se base d’abord sur les lois existantes.
L’existence des textes règlementaires constitue une force pour les pays de veiller au respect des normes et standards. En Guinée par exemple, le non-respect de ces principes peut aboutir à des mesures que précise le président de la chambre des mines « puisque la Guinée dispose d’un code de l’environnement et de plusieurs autres codes en lien avec la gestion des ressources naturelles il faut forcement en tenir compte et si vous ne le faites pas il y a de choses qui se passent, c’est soit vous n’avez pas les autorisations de l’Etat ou vous n’avez pas ce qu’on appelle la licence sociale pour exploiter. » Donc cette perception je pense qu’il faut qu’on travaille à l’éliminer. La réalité est que tous les investissements qui se font soit à travers la construction d’un port, d’une mine, il y a des études préalables et il y a des plans de gestions préalables qui sont mises en place et approuvés par l’Etat. Il y a des ressources qui sont dégagés.
« Nous sommes soucieux de réaliser des activités en pleine conformité avec les règlements du pays, avec les standards et les normes en la matière notamment les standards de IFC les principes de l’équateurs. » rassure Ismaël Diakité.
Idiatou Souaré