Par Mohamed Lamine Sidibé
Cependant, malgré cette forte dépendance au secteur extractif et le développement de plusieurs projets liés aux minerais stratégiques, la part des pays de la CEDEAO dans la chaîne de valeur des minéraux de transition reste minime, tout comme leur présence dans la fabrication de technologies d’énergie à faible émission de carbone. De plus, la Valeur Ajoutée (VA) importée contenue dans les exportations des minerais stratégiques parmi les pays de l’espace reste considérable, comparativement aux Etats de l’ASEAN ou cela est en régression depuis des décennies.
Toujours comparativement à l’ASEAN, région au sein de laquelle sont produits les minéraux de transition les plus importants, tels que le nickel (47 % de la production mondiale), 35 % de l’étain, 5 % du cobalt mondial, les terres rares, sont bien avancés dans l’utilisation de leurs minéraux stratégiques nationaux pour le raffinage et la fabrication de produits technologiques.
Par exemple, la Malaisie et le Viêt Nam sont les deuxième et troisième fabricants mondiaux de batteries photovoltaïques. La Thaïlande est le 11e constructeur mondial de véhicules, selon l’Agence internationale de l’énergie. Grâce à la détermination du gouvernement indonésien, une industrie nationale de fabrication de batteries a vu le jour en 2021, dans le but d’intégrer verticalement la chaîne de valeur des minéraux stratégiques nationaux aux ambitions d’industrialisation du pays.
Au-delà des questions de gouvernance qui monopolisent le débat sur les minéraux verts en Afrique de l’Ouest, la région doit mettre en place une stratégie régionale d’intégration de la chaîne de valeur, à travers des Zones économiques spéciales (ZES) orientées dans la fabrication d’intrant spécifique. La spécialisation de nos économies dans les exportations de certains produits finis, permettrait de contrôler un pourcentage considérable des chaînes de valeur mondiale liées à un secteur donné.
Mohamed Lamine Sidibé