La Guinée dispose d’un important potentiel hydroélectrique estimé à 6OOO MW mais valorisé à moins de 17,6%. Le taux d’accès de la population à l’énergie électrique était estimé à 33% en 2015, dont 11% de connexions illégales et à 42,4% en 2019. Malgré tout ce potentiel énergétique la Guinée reste encore l’un des pays africains où la majeure partie des zones rurales vivent dans la précarité avec des infrastructures non adaptées. Pour mieux comprendre les enjeux et les défis liés à l’électrification rurale en République de Guinée notre rédaction a donné la parole à Monsieur Abdourahamane Keita Directeur Général Adjoint de l’Agence Guinéenne d’Electrification Rural (AGE).
Créée en 2017 par décret, l’agence guinéenne d’électrification rurale participe à la mise en œuvre des projets programmes par le biais des partenariats publics privés qui identifient les localités. Bien qu’elle soit présente, les disparités entre zones urbaines et zones rurales sont toujours fortes. « En milieu rural seul 22,8 % des ménages ont accès à l’électricité contre 86,7 % en milieu urbain. » une réalité qui s’explique par plusieurs raisons dont Abdourahamane Kéita évoque le directeur général adjoint de l’agence guinéenne d’électrification rurale « La Guinée présente encore un déficit de production électrique croissant sous l’effet conjugué d’une augmentation rapide de la demande et d’une progression relativement lente de l’offre compte tenu de l’ampleur des investissements à réaliser. » M. Keita poursuit cette démonstration par des statistiques qui relatent les sources d’énergies thermiques et hydroélectriques « Au total, la capacité installée est estimée à environ 562 MW dont 65% en hydroélectricité et 35% en thermique pour une consommation totale de 1.182 MWh d’origine hydroélectrique et 732 MWh d’origine thermique en 2018. » D’après les estimations de croissance de la consommation, celle-ci pourrait atteindre 6 000 MWh en 2030.
A en croire le directeur General adjoint l’idée de la création de l’agence guinéenne d’électrification rurale vient pour remédier à cette injustice car selon lui « tous les citoyens sont égaux en droit et en devoir quelques soit leurs situations géographiques dans leurs pays. »
Si l’on s’en tient aux déclarations du Directeur Adjoint, l’Etat à travers la compagnie nationale d’électricité (EDG) ne peut pas aller dans toutes ces localités à cause de sa mauvaise santé financière, de ses pertes techniques élevées et des pannes régulières. Pour Monsieur Keita, « l’investissement est synonyme de profil et le milieu rural étant réputer pour la faiblesse de revenu. S’ils doivent mener des activités génératrices de revenus par le biais de l’électricité, il faut donc faire un certain nombre d’accompagnement. Donc, il faut exonérer tous les matériels qui seront utilisés par le promoteur et la durée des exonérations dépendra de la demande et chaque fois que besoin sera » propose-t-il
A la question de savoir quels sont les enjeux environnementaux de ces projets d’électrifications rurales ? Le directeur adjoint estime que les infrastructures réalisées dans le cadre de l’électrification rurale sont des infrastructures de petites dimensions qui n’ont pas un impact considérable sur l’environnement. Mais pour la mise en œuvre de n’importe quel projet « il y a toujours la réalisation d’une étude d’impact environnemental et social » rappelle-t-il.
Une fois que ces études sont réalisées, on regarde quel est l’impact social ou environnemental que ce projet peut avoir et économiquement quel peut être son impact. « Nous mettons ces deux impacts dans la balance afin de comprendre sur quel impact il faut agir immédiatement pour atténuer les risques sur l’environnement » explique Monsieur Keita.
La fourniture d’énergie est souvent assurée par des groupes thermiques ayant un impact notoire sur l’environnement. Ce qui fait qu’aujourd’hui, nous assistons à certaines calamités qui sont liées à l’impact de l’homme sur l’environnement. « Pour la Guinée nous sommes un pays avec un potentiel énergétique considérable, l’agence guinéenne d’électrification rurale (AGE), s’est fixé pour objectif de fournir de l’électricité à la populations de l’énergie renouvelable et moins couteuse. »
A l’Agence guinéenne d’évaluation environnementale le directeur préconise des solutions de préservations des ressources naturelles « la solution c’est la mise en œuvre des projets d’énergies renouvelables, notamment l’utilisation des ressources du soleil pour les transformer en énergie et des solutions de mini central ou de pico central électrique dans certaines localités que nous sommes en train d’expérimenter. »
Le cadre juridique qui encadre l’électrification en Guinée date de 1993. Il y a la loi d’électricité de façon générale mais celle portant sur l’électrification rurale qui date de 2013 mérite une attention particulière afin d’adapter les besoins des populations à l’évolution climatique. Le directeur adjoint rassure que l’agence est en train d’actualiser le cadre règlementaire et législatif dans le secteur de l’électricité en Guinée.
Idiatou Souaré