Le manque de texte juridique qui règlemente la compensation, l’indemnisation et la rélocalisation des communautés impactées par les projets de développement crée un vide juridique dans la gestion du foncier en Guinée. Pour remédier à cette problématique qui date de belles lurettes, certaines communautés déjà victimes ont décidé de porter la voix plus haute pour pousser le gouvernement, notamment le président de la transition a adopter ce référentiel. Cette action de plaidoyer des communautés est pilotée par un collectif d’organisation de la société civile. Nous vous proposons les plaidoyers de quelques représentants de ces communautés impactées, c’était au cours d’un point de presse organisé pour la circonstance.
À peine deux ans seulement de cohabitation avec la société Wining Consortium Simandou, les communautés de Damaro dans la préfecture de Kérouane se plaignent déjà de spoliations de leurs terres. Anssoumane Camara Ziko, est leader communautaire de cette localité.
« Nous avons commencé à cohabiter avec la société Wining Consortium Simandou il y de cela deux ans. La communauté ne vit que par la terre. Ça veut dire qu’elle est essentiellement agro-pastorale. Ce sont des terres de culture et de pâturage qui sont retirées aux communautés il y a de cela plus de quatre mois pas de compensation et la communauté ne peut pas accéder à ces terres et elle n’a rien eu. Alors que chaque année elle cultivait sur ces parcerelles là » fais remarquer ce leader communautaire.
Il déplore par la suite l’absence de base juridique sur laquelle elle peut se fonder pour faire réclamation « Mais il n’y a aucune base juridique qui peut orienter la communauté à calculer ce quelle doit avoir en cédant ses terres. C’est pourquoi nous avons besoin d’une base juridique officiellement reconnue par l’Etat, les communautés et les entreprises pour qu’on puisse recadrer les réclamations par rapport aux compensations. »
La junte féminine n’est pas en marge de cette démarche de plaidoyer. Batouly Dioubaté est habitante de Kaboï dans la préfecture de Boké
« Nous sommes là pour plaider en faveur de notre communauté. Parce que les entreprises nous ont fait assez de promesses par rapport à nos terres mais aucune de ces promesses n’a été tenues. Nous ne travaillons plus sur nos terres comme d’habitudes. Donc aujourd’hui nous sommes inquiètes. Nous voulons que nos autorités nous aident pour l’adoption du référentiel. Mais il ne s’agit pas de l’adoption seulement. Il faut qu’après la signature, tout le contenu du référentiel soit appliqué à la lettre. Parce que plusieurs promesses nous été faites mais aucune n’a été respectées. »
Yakouba Camara leader communautaire dans la commune rurale de kintigna préfecture de Siguiri justifie sa présence à cette séance de plaidoyer.
« Ma présence ici c’est pour parler du référentiel parce que c’est un document pour lequel j’ai participé à beaucoup de réunion. » A-t-il raisonné avant de se poser cette question « Je ne sais pas pourquoi jusqu’ici le document n’est pas adopté ? » Puis il poursuit « Ce référentiel parle essentiellement des communautés impactées par les projets de développement. Ce ne sont pas les communautés minières seulement. Donc ce que je veut dire au gouvernement, c’est de l’adopter parce que les communautés sont assoiffées de le voir adopté car il vient régler assez de diffends qui opposent les communautés aux entreprises pas que minières. »
Si toutefois ce référentiel est adopté, les communautés demandent un suivi absolu dans l’application et l’exécution de son contenu pour éviter que ces communautés soient privées de leur droit de compensation, d’indemnisation et de relocalisation en cas d’impact de tout projet de développement.
Pour rappel, c’est depuis 2017 que les discutions ont commencé autour de ce référentiel et le dernier référentiel tout fini qui doit être validé a été déposé au niveau des autorités compétentes en septembre 2022.
Boèboè Béavogui